Avec l'aimable autorisation de The Guardian

Par Nzekwe Henry

Pour bien des raisons, l’année 2020 fut chaotique ! Le monde entier a été frappé par le coronavirus, les marchés financiers sont au plus bas, des industries entières ont été touchées, les entreprises ont souffert et les suppressions d’emplois ont mis les individus dans une situation désespérée.

Toutefois, l’une des retombées les moins prévisibles de cette crise sur le continent est la renonciation des multinationales africaines à la partie “multi” de leur identité.

Cette année, de nombreuses entreprises africaines qui, jusqu’à présent, étaient considérées comme sans frontières et en pleine expansion, ont pris des décisions difficiles après un constat sans appel.
Cette année, les acteurs africains (en particulier ceux du commerce de détail) renoncent au prestige de la présence multi-pays pour se replier uniquement sur leurs marchés performants, leur pays d’origine dans de nombreux cas.

Cela a commencé avec des marques relativement petites, mais aujourd’hui, même les multinationales comme MTN Group, la plus grande compagnie de télécommunications d’Afrique, ou Shoprite, la plus grande chaîne de supermarchés du continent, affichent leur intention d’abandonner les marchés hors de leur territoire national.

MTN, l’opérateur de téléphonie mobile né en Afrique du Sud, a annoncé son intention de couper les ponts qui le relient au Moyen-Orient.

Pour se concentrer davantage sur l’Afrique, cette compagnie de télécommunications milliardaire va vendre ses activités dans des pays comme la Syrie et le Yémen. Dans la région, l’entreprise perd de l’argent en raison de la chute des devises régionales, de la situation géopolitique instable et des problèmes liés aux sanctions occidentales.

Il a été rapporté que la compagnie cherche également à réduire ses actifs avec des plans de vente de sa participation dans le détaillant électronique africain Jumia, tout en parlant de vendre ses 29 % de participation dans la société de tours de télécommunication IHS Towers, à l’avenir.

Quelques temps auparavant, le détaillant botswanais Choppies Enterprises Ltd. avait fait une annonce similaire, indiquant que la société se retirait de l’Afrique du Sud et d’autres marchés africains.

Comme l’a indiqué Bloomberg, Choppies va fermer ses supermarchés dans plusieurs pays africains pour se concentrer sur la croissance au Botswana, où elle est cotée en bourse.

Le détaillant basé à Gaborone prévoit de fermer des supermarchés en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique pour manque de rentabilité, selon son directeur général, Ramachandran Ottapathu. Il prévoit cependant d’ajouter cette année des magasins au Botswana et d’explorer de nouveaux marchés.

Par ailleurs, Shoprite Holdings Ltd, qui a déjà fermé deux de ses trois magasins au Kenya, a pris les mêmes mesures en annonçant qu’elle était prête à se défaire de sa participation dans le retail nigérian, qu’elle exploite depuis 15 ans et qui compte 25 magasins d’entreprise.

Avec l’aimable autorisation de The Guardian

Cette annonce faisait suite à une déclaration antérieure de la société qui suggérait d’abandonner les marchés non performants et d’intensifier la croissance de ses activités en Afrique du Sud qui, à elles seules, représentent jusqu’à 80 % de ses bénéfices dans 15 pays.

Il semblerait que les détaillants sud-africains ayant une présence dans plusieurs pays soient particulièrement en retrait, comme cela a été largement le cas au cours des 18 derniers mois environ.

Il y a environ dix mois, le détaillant de mode sud-africain TFG a laissé entendre pour la première fois qu’il allait revoir ses opérations au Ghana et au Kenya, où il possède au moins six magasins chacun. En juin de cette année, il est finalement parti.

L’année dernière, Pepkor Holdings a vendu ses derniers points de vente Power Sales au Zimbabwe après avoir subi une perte de 70 millions de ZAR (3,9 millions d’USD). La dévaluation de la monnaie locale et les troubles économiques bien connus au Zimbabwe ont rendu les échanges commerciaux dans le pays difficiles. Et ceux-ci ont forcé l’entreprise à fuir le marché, comme l’a révélé Pepkor dans ses résultats financiers pour l’année se terminant en septembre 2019.

Après avoir quitté la Pologne et l’Australie, la populaire chaîne de magasins de vêtements, M. Price, a fait ses valises et a quitté le Nigeria en juin de cette année.

Concernant son départ du Nigéria, le PDG de M. Price, Mark Blair, aurait déclaré “Très franchement, je ne suis pas prêt à investir davantage, que ce soit en temps ou en argent, dans un pays aussi instable que le Nigeria. Au début, nous faisions de l’argent, mais maintenant nous nous heurtons à trop d’obstacles, qu’il s’agisse de faire sortir l’argent, etc.

Il s’avère que, tout comme M. Price l’a découvert, plusieurs entreprises africaines commencent à repenser l’attrait de l’expansion internationale au-delà des frontières, car de tels projets sont pour la plupart restés lettre morte et ont dilué les efforts qui auraient pu être déployés sur des marchés plus prometteurs – généralement sur leur propre terrain.